mercredi 24 septembre 2008

Les carrosses à cinq sols de Blaise Pascal

En 1662, Blaise Pascal invente les transports en commun urbains. Il obtient de Louis XIV le privilège de fonder une entreprise de carrosses publics pour l'exploitaton de cinq "routes" (lignes). Quatre d'entre elles passent ou ont leur terminus au Luxembourg, l'une d'elles est circulaire et dite du "tour de Paris".Il est stipulé que :
les voitures feront toujours le même trajet d'un point à un autre;
les départs auront lieu à "heures réglées", quelle que soit l'occupation des voitures, même si elles sont vides ;
chaque occupant ne paiera que sa place, soit cinq "sols marquez", quelle que soit l'occupation des voitures ;
la route du tour de Paris sera divisée en "bureaux", le tarif de cinq sols ne donnant droit qu'au franchissement d'un bureau. Au delà, il faut repayer cinq sols ;
l'on n'acceptera pas d'or en paiement, pour éviter les manipulations et pertes de temps au change.
Tout ce qui caractérise le transport en commun urbain moderne est contenu dans l'entreprise de Pascal :
itinéraires fixes ;
horaires fixes, fréquences (les carrosses partent tous les demi quart d'heure de leur terminus) ;
tarif modique par place occupée ;
sectionnement tarifaire sur la ligne du tour de Paris ;
obligation à l'usager de faire l'appoint.
Les Carrosses à cinq sols connurent un grand succès initial. Mais, alors que les lettres patentes de Louis XIV ne comportaient aucune restriction d'accès quant à la qualité des usagers, le Parlement de Paris, dont les membres, robins anoblis, tenaient à marquer leurs privilèges, n'accepta d'enregistrer ces lettres qu'en interdisant l'accès des carrosses à cinq sols aux "soldats, pages, laquais et autres gens de bras". C'était priver le service d'une part importante de sa clientèle et le rendre impopulaire. Après l'engouement initial, la clientèle se raréfie et l'entreprise se trouve en difficulté : le tarif est relevé de cinq à six sols, achevant de rendre les carrosses publics impopulaires. Ils disparaissent vers 1677.
Il fallut attendre un siècle et demi avant que ne réapparaissent, fortuitement, les transports en commun urbains.

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